Occitanie
Gard
La communauté de communes Causses Aigoual Cévennes Terres Solidaires (CC CAC-TS) entend répondre grâce à son PAT à des enjeux transversaux de maintien de l’agriculture locale, de transition, d’adaptation de cette agriculture, de préservation de son patrimoine environnemental, ainsi que de l’accès à une alimentation de qualité pour tous.
Enjeux agricoles et environnementaux :
Le territoire de la CC CAC-TS est exclusivement rural, bénéficiant de plusieurs identités alimentaires issues de sa diversité géographique et de ses pratiques agricoles qui constituent, avec l’activité touristique, la principale activité économique du territoire.
Son agriculture est dominée d’un point de vue économique et de surface par l’agro-pastoralisme et la production d’oignon doux des Cévennes. Elle n’en reste pas moins diversifiée avec du petit maraîchage en agriculture biologique le plus souvent et des petits fruits, la production de plantes médicinales et aromatiques, l’apiculture et l’arboriculture avec la castanéiculture et la production de pommes. L’agriculture locale est marquée par une forte présence de signes et de labels de qualité correspondants à un patrimoine alimentaire riche : AOP Oignons doux des Cévennes, AOP Pélardon, AOP châtaigne des Cévennes, marque Esprit Parc…Et 43 % des fermes sont en agriculture biologique, représentant 22% de la Surface Agricole Utile (Agence bio, 2023).
L’agriculture locale se maintient malgré les difficultés qu’elle rencontre qui sont liées :
• au territoire : relief et conditions pédo-climatiques (zone méditerranéenne et montagnarde défavorisée), infrastructures limitantes (accès routier, réseau téléphonique et internet défaillant…), éloignement des institutions, isolement
• au dérèglement climatique, la sécheresse et le manque d’eau
• aux difficultés d’accès et de sécurisation du foncier agricole, dans un contexte de foncier très morcelé
• aux difficultés de transmission des exploitations agricoles
• aux débouchés commerciaux : diminution de la population, forte part de résidents secondaires, difficulté à vendre les produits locaux en dehors des périodes touristiques
• à l’absence d’ateliers de transformation collectifs sur le territoire de la CAC-TS et l’absence d’abattoir
• à une cohabitation complexe avec les activités touristiques du territoire, les résidents secondaires, et la faune sauvage (cervidés, sangliers, loups, responsables de dégâts importants sur les cultures ou sur l’élevage).
• à la déprise historique de certaines filières locales comme la châtaigne et la laine
• à la déshérence du patrimoine bâti dont les terrasses qui permettent la culture en zone de relief important et de limiter l’érosion du sol, et du patrimoine hydraulique (aménagements permettant la création d’une ressource en eau)
• aux évolutions techniques et réglementaires à mener dues aux demandes sociétales et politiques afin de préserver les sols, l’environnement (limitation des pollutions) et la biodiversité.
La CC CAC-TS possède un patrimoine environnemental exceptionnel : elle abrite une importante biodiversité reconnue par la présence de 7 sites Natura 2000 (dont 3 en animation par la CC CAC-TS), le Parc National des Cévennes, l’inscription à l’UNESCO pour le paysage culturel de l’agropastoralisme méditerranéen, la réserve internationale de ciel étoilé, la réserve internationale de biosphère des Cévennes, le label forêt d’exception…
Ce patrimoine environnemental est intimement lié à l'agriculture, et en particulier les pratiques agro-pastorales qui permettent de conserver la biodiversité liée aux milieux ouverts et également aux milieux forestiers comme la châtaigneraie qui est entretenue par les petits ruminants. Le pastoralisme et le sylvopastoralisme permettent également la réduction des risques d'incendies pouvant avoir de fortes conséquences environnementales et sociales. Cependant, il ne faut pas négliger l'impact environnemental de certaines cultures pouvant être négatif, par l'utilisation de produits phytosanitaires sources de pollutions ou la dégradation de sols notamment. Le PAT doit permettre d’accompagner et de préserver son agriculture locale face à ses difficultés, tout en favorisant la préservation environnementale du territoire par des pratiques agricoles adaptées.
Enjeux sociaux, alimentaire et de santé :
La CC CAC-TS, à l’image de nombreux autres territoires ruraux, fait face à une population vieillissante, une pauvreté marquée (28% de la population du territoire est classée pauvre par l’INSEE) et des difficultés de mobilité et d’isolement de sa population. Le territoire est marqué par de fortes variations saisonnières de la population, avec la moitié des communes composée de plus de 50% de résidences secondaires.
Ces éléments donnent un aperçu de la diversité des usages du territoire, entre résidences secondaires venant avec toutes leurs provisions pour un mois en été, et habitants passant des cols en hiver pour se rendre au supermarché, ou vivant de l’épicerie du village ; entre familles venues s’installer depuis la ville et se rendant au marché du village, et habitants n’ayant pas les moyens de s’approvisionner dans les commerces et marchés locaux ; entre néo-ruraux s’installant en maraîchage bio, et cévenols reprenant l’activité conventionnelle familiale.
Cet EPCI n’est pas polarisé sur un centre urbain, mais est composé de communes rurales, qui ont leurs dynamiques propres. L’éloignement des grandes agglomérations, des services marchands et des centres médicaux est accentué par le relief des Cévennes et des Causses. La CC CAC-TS ne compte aucun supermarché en son sein. L’adaptation à cette contrainte génère différentes pratiques d’approvisionnement, entre les grandes distances à réaliser pour se rendre au supermarché, le maintien d’une économie locale, avec le maintien de marchés et de commerces de proximité, et les pratiques d’autoproduction et d’échanges entre habitants.
Ces éléments de territoire peuvent entraîner une précarité alimentaire ainsi que des enjeux de sécurité alimentaire si les quelques axes routiers devaient être coupés en cas de crise. Ou dans le cas où il n’y a plus d’épicerie de village, n’offrant alors plus de possibilité d’approvisionnement pour les personnes en situation de précarité et non véhiculées. De plus, les communes ayant des populations d’effectif réduit n’ont pas d’obligation d’avoir un CCAS. Elles s’organisent cependant comme elles peuvent, à leur échelle, avec des disparités entre les communes.
L’enjeu d’accès à une alimentation saine et de qualité pour les habitants du territoire est donc primordial. Le développement des circuits courts, l’éducation alimentaire des habitants locaux et le développement d’une restauration collective durable et locale est indispensable. La restauration collective concerne sur le territoire 3 centres de loisirs, 4 crèches, 9 écoles et 4 maisons pour personnes âgées et un ESAT. Les volumes de repas sont faibles sur l’ensemble de ces structures ce qui peut entraîner des difficultés de gestion et de coût mais il s'agit d'un enjeu réparti sur l'ensemble du territoire. Celui-ci est parvenu à maintenir des petites structures de la petite enfance et de l’éducation, notamment grâce à la gestion de la petite enfance par la CC CAC-TS et grâce au système de regroupement scolaire.
La CC CAC-TS est assez riche en commerces de proximité et en marchés locaux (en période estivale principalement) ainsi qu'en magasins de producteurs. Mais les épiceries associatives et solidaires existantes rencontrent des difficultés à se maintenir, les commerces de proximité font aussi face à des freins pour proposer des produits locaux et de qualité aux habitants toute l’année et certaines communes n’ont plus du tout d’épicerie locale. Les habitants font leur achat en majorité sur les grandes et moyennes surfaces se trouvant en dehors du territoire de la CAC-TS. D’après les gérants des commerces de proximité, les produits locaux sont consommés majoritairement par les touristes en période estivale et peu par les habitants le reste de l’année. L’enjeu de sensibilisation de cette population locale est donc important.
La CAC-TS a une auto-production de ses habitants très développée avec une présence importante de jardins potagers, petits poulaillers, chasse et cueillette…Elle pourrait cependant être davantage développée. Avec également la lutte contre le gaspillage alimentaire et le développement d’initiatives collectives (jardins et vergers partagés..etc), l’enjeu de précarité alimentaire et de cohésion sociale est abordé.
Des communes et des collectifs citoyens de la CC CAC-TS mettent en place des initiatives liées à tous ces enjeux, mais ils ont aujourd’hui besoin d’accompagnement, d’être valorisés, développés et étendus à l’échelle intercommunale.
La CAC-TS doit donc mener une approche globale du système alimentaire afin de répondre aux enjeux de justice sociale, résilience du système alimentaire, d’éducation à l’alimentation, de santé et de préservation de l’environnement.
Ainsi, ce PAT émergent vise à mettre en cohérence les coopérations déjà présentes sur notre territoire, questionner et consolider les actions en cours et construire avec les acteurs locaux de nouvelles actions pouvant permettre de répondre aux enjeux du territoire.