La Réunion
La Réunion
Territoire enclavé sans accès routier, le cirque de Mafate est à cheval sur les deux communes de Saint-Paul et de la Possession. Relevant du statut départemento-domanial, il est classé en cœur habité du Parc national et fait partie du bien inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mafate vit une période de transition. L’économie touristique développée depuis trois décennies a permis aux habitants de pérenniser l’occupation malgré l’enclavement. Avec environ 100 000 nuitées par an et autant de repas pris dans les gites, le tourisme reste le pilier économique des 10 îlets, pour les 900 habitants permanents (150 familles) dont 1/3 bénéficie de la rente touristique via les gîtes. L’alimentation des habitants de Mafate a longtemps reposé sur une agriculture vivrière et des petits élevages. Depuis les années 60, avec l’ouverture de huit écoles, les enfants bénéficient d’un repas par jour préparé sur place, sous l’égide des communes. Pour répondre aux contraintes d’accessibilité, l’héliportage s’est démocratisé dans les années 80 pour la livraison de nourriture et de matériaux, parallèlement à l’arrivée des minima sociaux et le développement du tourisme. L’agriculture a peu à peu décliné, l’approvisionnement des gîtes s’est organisé autour de l’héliportage et la gastronomie locale présentée aux visiteurs s’est réduite. Pourtant, sur ce territoire atypique, vitrine de La Réunion et de son patrimoine, l’agriculture et l’alimentation, sont au cœur des enjeux de gestion des ressources (eau, sol), d’aménagement de l’espace (gestion du foncier), de gestion des déchets, d’économie sociale et de valorisation du patrimoine. La problématique alimentaire est une composante forte de l’objectif des institutions (Département, communes, TCO…) et des Mafatais, de faire du cirque un « éco-territoire ». Dans ce contexte, le Parc national propose et anime depuis 2019 le PAT pour Mafate « Planté pou manzé », afin d’accompagner une dynamique permettant à l’agriculture et l’alimentation locales de devenir des leviers forts pour le développement du cirque, mais également des vecteurs de sensibilisation des habitants et des visiteurs, aux enjeux de durabilité des systèmes alimentaires. Ce projet a été reconnu en février 2021 en tant que PAT de niveau 1. En deux ans, la phase d’émergence du projet a permis notamment de : mobiliser les acteurs sur le terrain, sensibiliser plus de 250 personnes et identifier les partenaires (partenariats signés avec 13 giteurs et 8 producteurs) ; Dispenser des formations en agro-écologie, apiculture, transformation agro-alimentaire et des ateliers de gastronomie durable ; Organiser des actions de sensibilisation avec les écoles, et de distribution de variétés lontan, d’accompagner le développement d’un laboratoire de transformation agroalimentaire en site isolé ; Elaborer une Charte de l’alimentation durable à Mafate et un recueil de recettes végétariennes locales ; Engager une réflexion partenariale pour adapter les cadres de professionnalisation agricole. Le PAT vise à mettre en oeuvre de façon opérationnelle des circuits courts dans le cirque de Mafate, basés sur une production agro-écologique et une capacité de transformation locale renforcée, permettant de développer une offre alimentaire locale et de qualité, de créer de l’activité économique en valorisant les savoir-faire, offrir de nouvelles opportunités d’emploi en faveur des jeunes, tout en s’adaptant aux contraintes et spécificités du cirque. Ce projet s’inscrit dans l’ambition plus large, d’accompagner le cirque de Mafate dans une démarche d’éco-territoire. Il est organisé en 5 axes opérationnels : 1-L’organisation collective pour structurer les circuits courts, 2- Le développement de la production agro-écologique et de la transformation locale, 3- La restauration scolaire et la sensibilisation des jeunes, 4- La valorisation du patrimoine agricole et alimentaire, et 5- La communication pour les différents publics et acteurs. Les objectifs spécifiques sont les suivants : - Agrandir le réseau d’acteurs partenaires (giteurs, producteurs, associations) : passer de 21 à 40. - Structurer des circuits courts dans chaque ilet avec les producteurs et giteurs : 1 réseau / ilet. - Valoriser la démarche et communiquer auprès des visiteurs via la Charte de l’alimentation durable à Mafate : 20 gites signataires. - Accompagner la création et le développement de 2 micro-fermes collectives : 1 à Marla et 1 à Roche Plate. - Accompagner les projets individuels et professionnaliser les porteurs de projets agricoles : 5 à 10 projets. - Appuyer les démarches d’approvisionnement en eau agricole auprès des instances compétentes. - Augmenter les volumes de production et transformation locales : atteindre 20% de production végétale locale dans l’approvisionnement des gites, écoles et habitants. - Initier l’approvisionnement local de la restauration scolaire et renforcer les actions pédagogiques - Encourager la production vivrière : facteur de lutte contre la précarité alimentaire - Contribuer à la diminution des flux de marchandises héliportées et des nuisances associées.