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La reterritorialisation des systèmes alimentaires consiste à rapprocher la production agricole des lieux de consommation. Cette étude s’intéresse à la durabilité environnementale de ces démarches grâce à une approche systémique (analyse de cycle de vie) étudiant l’évolution de l’impact de l’ensemble des acteurs territoriaux, des producteurs, commerçants et des consommateurs sur le territoire.

Dans la littérature, plusieurs termes décrivent les systèmes alimentaires territoriaux : systèmes alimentaires locaux, paysages alimentaires, circuits courts de proximité : tous partagent une notion de proximité spatiale, ancrant l’alimentation et l’agriculture dans un même espace.

Premier producteur de denrées agricoles de l’Union Européenne, la France est pionnière en matière de renforcement de la reterritorialisation alimentaire, notamment depuis la loi d’avenir de 2014 qui a vu la naissance des Projets Alimentaires Territoriaux. À ce jour, plus de 450 Projets Alimentaires Territoriaux sont présents sur le territoire national. Les PAT incluent des enjeux environnementaux dans la gestion locale de l’alimentation et promeuvent des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Toutefois, peu d’études ont été menées pour mesurer les co-bénéfices environnementaux de ce type de projets.

Mouans-Sartoux, une commune du sud-est de la France réputée pour ses politiques alimentaires durables. Depuis 2012, toutes les cantines de la ville sont approvisionnées à 100% par des produits biologiques et locaux, provenant en grande partie de la régie agricole municipale.

  • Diagnostic du système alimentaire local.
  • Analyse des pratiques et des acteurs locaux sur 5 ans (questionnaires, entretiens avec les agriculteurs, les gestionnaires de points de vente et les ménages).
  • Évaluation environnementale systémique des changements recensés, comparée à l’échelle nationale.
  • Analyse du cycle de vie territorial pour évaluer l’impact environnemental des produits, services et activités tout au long de leur cycle de vie.

Les résultats montrent des changements en faveur de la durabilité environnementale depuis la mise en place du PAT de Mouans-Sartoux :

  • Protection du foncier agricole :  expansion des zones agricoles dans le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et développement des potagers urbains
  • Augmentation de la production des fruits et légumes biologiques
  • Changement des pratiques alimentaires : 69% des habitants ont adapté leurs pratiques alimentaires depuis la mise en place du PAT
  • L’ensemble de ces changements ont contribué à diminuer l’empreinte environnementale du système alimentaire de la ville 

Bien que l’on considère généralement que la reterritorialisation alimentaire contribue à réduire les impacts environnementaux liés au transport, cette hypothèse n’a pas été confirmée par l’étude.

La nouvelle gouvernance territoriale et les PAT encouragent des pratiques alternatives et plus durables. Malgré les limites observées, les acteurs territoriaux montrent une volonté d’engagement dans la transition écologique par le prisme agri-alimentaire. Les résultats obtenus à Mouans-Sartoux peuvent servir à encourager le déploiement des PAT et orienter les démarches territoriales vers des actions à haut potentiel environnemental telles que la modification des habitudes alimentaires. 

La reterritorialisation des systèmes alimentaires représente ainsi une étape importante vers des systèmes plus durables, en agissant sur l’ensemble des maillons de la chaîne alimentaire et en renforçant leur durabilité.